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Prêts en devises étrangères : l’absence d’une information claire peut entraîner l’annulation du contrat

Affaires - Banque et Finance
16/10/2025

Dans le contentieux croissant lié aux prêts en francs suisses, une question revient régulièrement devant les tribunaux : celle de l’absence ou de l’insuffisance d’une notice d’information remise à l’emprunteur au moment de la conclusion du contrat. Ce document, souvent négligé par les établissements prêteurs, joue pourtant un rôle déterminant dans l’équilibre contractuel et la protection des consommateurs.


Une obligation d’information essentielle pour les prêts en devises

Dans de nombreux dossiers, notamment concernant les emprunteurs frontaliers, il apparaît que la banque n’a pas fourni de notice explicative sur les mécanismes du prêt libellé en francs suisses. Or, cette information n’est pas anodine : elle doit permettre à l’emprunteur de comprendre le fonctionnement concret de son crédit, d’en mesurer les risques économiques et d’en anticiper les conséquences à long terme.

La notice d’information a pour objectif de rendre le contrat lisible et intelligible pour un consommateur non spécialiste. Elle doit expliquer de manière claire et pédagogique :

  • la relation entre la devise empruntée (franc suisse) et celle du remboursement (euro) ;
  • l’impact potentiel d’une variation du taux de change sur le capital restant dû ou la durée de remboursement ;
  • des exemples chiffrés individualisés illustrant différents scénarios de variation.

Une carence d’information qui fragilise le contrat

Dans la pratique, cette exigence est souvent négligée. De nombreuses offres de prêt se contentent d’évoquer de façon très générale le risque de change, sans détailler la portée réelle de ce risque pour l’emprunteur. Certaines notices se résument à quelques lignes standardisées, dépourvues d’explications concrètes ou d’exemples chiffrés adaptés à la situation personnelle de l’emprunteur.

Cette carence d’information prive le consommateur d’un élément essentiel à sa décision. Sans présentation claire et personnalisée, il est dans l’impossibilité d’évaluer correctement les risques économiques liés au contrat, notamment les conséquences d’une variation défavorable du taux de change sur le coût total du prêt.

La jurisprudence française considère désormais qu’une notice d’information absente ou incomplète ne remplit pas sa fonction protectrice. Elle entraîne un déséquilibre dans la relation contractuelle et peut remettre en cause la validité du contrat de prêt.


Une sanction lourde : la nullité du contrat

Les juridictions rappellent que la transparence contractuelle constitue une condition essentielle de validité des prêts en devises. L’absence de notice d’information claire et détaillée est de nature à compromettre l’équilibre contractuel, ouvrant la voie à une demande d’annulation du prêt par l’emprunteur frontalier lorsque l’information précontractuelle n’a pas été délivrée de manière intelligible et personnalisée.

En cas de nullité, le contrat est réputé n’avoir jamais existé, ce qui peut générer des conséquences financières importantes pour le prêteur. Cette sanction illustre l’importance accordée par les juges à l’information précontractuelle et au devoir de clarté dans les opérations financières complexes.

En définitive, dans les prêts en devises étrangères, l’information préalable n’est pas une formalité : c’est une condition de régularité du contrat et un levier de protection de l’emprunteur. L’absence ou l’insuffisance de notice peut fonder une contestation solide du contrat et conduire à sa nullité.